85 : couleurs boisées

Né en 1952, Philippe Manoury a beaucoup travaillé à L'IRCAM. Un compositeur "électronicien" donc. En conséquence, j'allais à ce concert sans enthousiasme mais avec curiosité ...

Il ne m'a fallu que quelques minutes pour que "Fragments pour un portrait" m'accroche, puis me maintienne en tension attentive jusqu'à la dernière note.
Dénuée de toute installation électro-acoustique, ces "fragments" sont écrits pour un assez grand orchestre de facture classique augmenté de trois groupes de percussions. Cependant, la présence d'un grand nombre de bois (clarinettes de différents registres, hautbois, cor anglais, basson, contrebasson et clarinette basse) conférait à cette partition une couleur dominante tout à fait particulière.
Sept parties se succèdent, nous entraînant dans une magnifique masse sonore en mouvements ondulatoires, amples et puissantes vagues ponctuées de percussions particulièrement bien écrites.
Un auteur (encore un) que je vais commencer à explorer un peu plus !

En deuxième partie, c'était la fameuse "Histoire du soldat" de Stravinsky.
Le choix d'associer ces deux œuvres me paraissait assez curieux tant leur effectif instrumental, leur propos et leur style sont différents. Il n'y a là en effet que six instrumentistes pour accompagner le récitant.
Mais dès les premières mesures ce choix devient une évidence tant la couleur de ces deux œuvres est proche de par la présence, ici, de la clarinette et du basson.
On peut ne pas aimer cette histoire faustienne si typiquement russe, mais écrire une musique d’une aussi simple complexité, avec une telle économie de moyens : le génie de Stravinski explose une fois de plus !
Et une fois de plus, le violon de Hae-Sun Kang (voir c'roch'note 26) m'a profondément touché, la naïveté du texte et la subtilité des effets de lumière ajoutant encore à l’émotion.
Un extrait (réduit pour trois instruments) :



Vous pouvez aussi voir ci-dessous un extrait d'une belle BD pour illustrer ce beau texte mais la musique quoique intéressante n'est pas celle de Stravinski :



Oserais-je ajouter qu'entre ce Stravinsky-ci et ce Manoury-là on pourrait, sans faute de goût, placer ... Nino Rota, l'irremplaçable alter ego du grand Fellini ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La tête dans un déménagement me fait un peu perdre le fil et ma concentration.
Mais ce commentaire se veut une sorte de bonjour, le dernier dubaiote certainement, en attendant les visites arlésiennes...ah!ah!ah!