64 : gouttes de pluie

[essai d'introduction à la musique contemporaine pour les nuls
par le professeur Simplet
2 ème partie] [revoir la première]

La musique contemporaine doit être écoutée d'une façon toute différente de la musique classique sous peine de déception, d'incompréhension ou d'aversion (regardons nous de la même façon un Brueghel et un Matisse ? Lisons nous de la même façon Flaubert et Perec ?).

Continuons de schématiser !
Au cours du XX° siècle, les deux axes traditionnels de la musique occidentale (mélodie et harmonie) sont devenus accessoires et ont même souvent disparu.

À l'inverse, deux épices ont pris une importance de plus en plus grande :
- Le rythme qui s'est fortement complexifié
- Le timbre qui s'est diversifié à l'extrême

Quant au mode, troisième épice, il a éclaté jusqu'à disparaître dans les musiques atonales ou polytonales.

Concernant le rythme, la connaissance des musiques populaires européennes et des musiques extra européennes, jusque là méprisées, a été déterminante (voir Chostakovitch ou Bartok ci-dessous)



Dans ces musiques, le rythme ne se limite pas à "boum-boum" ou "hûûûûûn-2-3" mais peut être infiniment plus complexe jusqu'à échapper parfois à notre compréhension rationnelle.

Les "bruits" naturels ont été aussi une source d'enrichissement du rythme.
C'est bien sûr le cas des chants d'oiseaux qui ont profondément marqué l'œuvre de Messiaen, non tant sur le plan mélodique depuis longtemps déchiffré, que sur le plan rythmique.



Imaginez maintenant des gouttes de pluie tombant d'un toit : de multiples rythmes très simples, mais de fréquences variées se superposent, engendrant par là des phénomènes de battements en phase ou en opposition (cf "poème symphonique pour cent métronomes" de Ligeti).
Enfin les rythmes des machines créées par la société industrielle ont influencé de nombreux compositeurs, et pas seulement soviétiques ! ("Pacific 231" d'Honneger)

Allez, un dernier extrait à écouter et je vous laisse tranquilles (ce n'est pas de l'improvisation c'est écrit par Xenakis !) :




5 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour tirer profit de la leçon du professeur simplet puis je me permettre de suggérer à nos amis du blog (ça fait secte!) de laisser les extraits musicaux se télécharger (avec le son à zéro) puis d'écouter sereinement sinon c'est agaçant et après vous direz que c'est la musique qui vous énerve!!

roch a dit…

merci à Cath l'anonyme pour cette importante précision que j'aurai dû préciser !

Anonyme a dit…

C'est marrant, les rares fois où je suis allée au concert avec vous, j'ai trouvé qu'il me manquait un "support visuel" pour pouvoir fixer mon attention sur une musique qui ( bien qu'elle soit le contraire d'ennuyeuse !) m'endort parfois...

Avec les 3 vidéos que tu mets en exemple, c'est pareil : j'arrive à écouter (mais peut-être devrais-je dire entendre) celles de Bartok et de Xenakis parce que la "chorégraphie" (des mains de la pianiste, des baguettes du percussioniste) est fascinante.

Chez Messiaen, il y a trop de monde à voir, trop de "mini-chorégraphies", et du coup j'ai décroché :)

En tous cas, ça change la vie d'avoir les extraits musicaux en direct, c'est beaucoup plus facile que d'aller chercher soi même sur Youtube !

... et bonne année !

Anonyme a dit…

bonne année, professeur Simplet, je vais pendre le temps d'écouter tes exemples musicaux. Je t'embrasse, ainsi que Cath l'anonyme

Anonyme a dit…

Merci pour toutes ces explications et le don pédagogique dont tu fais preuve! Tu devrais envoyer un lien de ton blog à la Cité de la Zicmu, ils t'embaucheront peut-être pour chauffer la salle avant les concerts!