55 : vexations

Il est sûrement vexant pour un compositeur d'entendre dire qu'une de ses œuvres fait penser à celles d'un autre compositeur. Mais dans l'esprit du critique amateur, une telle réflexion peut être un vrai compliment.
C'est ainsi que, dès les premières mesures de "Shouting Silences", création de Marco-Antonio Perez-Ramires, né au Chili en 1964, Pascal Dusapin m'est venu à l'esprit. Dans cette pièce écrite pour violoncelle et 14 musiciens, j'ai retrouvé dans l'écriture orchestrale la même tension dramatique en équilibre instable, sans jamais le moindre espoir de résolution, que j'éprouve souvent à l'écoute de Dusapin. Autant dire que cette œuvre m'a emballé. et que j'ai été extrèmement frustré par sa brieveté. La belle partie de violoncelle m'a paru, elle, très différente des œuvres pour violoncelle de Dusapin mais elle était très belle et très bien jouée par Pierre Strauch.
À la lecture de la biographie du compositeur, il faut préciser qu'il semble n'avoir jamais travaillé avec son ainé, bien qu'établi en France depuis de nombreuses années.

Cette pièce jouée après l'entracte était suivie de "At First Light" de Georges Benjamin, l'un des meilleurs représentants de la musique anglaise d'aujourd'hui et que j'avais déjà beaucoup apprécié au disque et en concert.
Cette pièce très dynamique est dominée par un beau travail sur les timbres, âcres, profonds et éclatants. On en retient la grande beauté du son plus que l'éveil des sentiments.
L'auteur nous dit que cette pièce a été influencée par ce tableau :

[Turner : Norham Castle at sunrise]

Le 3ème mouvement est en effet assez bucolique malgré quelques accès puissamment orageux qui laissent interrogatifs sur l'intitulé de ce final (calm, gently sonorous) !

En première partie de programme, nous avons (pour la première fois) entendu une œuvre de Bruno Mantovani né en 74, étoile montante de la musique française. Et bien c'est plus que bien !
"Con leggerezza" est une illustration parfaite de ce qu'est un ensemble de solistes, ce qui est le cas des musiciens de L'EIC. Chaque instrument est parfaitement défini et distinct, mais l'ensemble du groupe est d'une grande cohérence. La musique se met en mouvement dans tout l'espace de la scène. Certains instruments deviennent parfois lyriques. La partie centrale est douce comme une caresse, le final est très pulsé avant un beau solo de clarinette basse. Cette pièce complexe est cependant difficile à décrire : elle est de prime abord plus intéressante que séduisante et justifierait plusieurs écoutes.
Vous pouvez en écouter un petit extrait ici.

Je n'avais jamais entendu le nom de York Höller compositeur allemand né en 1944. "Fanal" est un concerto pour trompette et orchestre de belle facture, et de forme très "classique". L'atmosphère en est plutôt expressionniste. La trompette se détache sans jamais paraître plaquée sur l'orchestre, puis s'estompe pour parfaitement fusionner avec celui-ci. La pièce se termine par une longue respiration qui précède un silence assourdissant.
Cette œuvre sans défaut, dont le compositeur nous dit qu'elle est un reflet de la Révolution française n'a pourtant rien de révolutionnaire ! Je suis sûr de le vexer si je dis qu'elle m'a fait penser au puissant "Jet Stream" de Peter Eötvös : il aurait raison, cette dernière a été écrite une douzaine d'années plus tard !

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Roch t'aurais du être critique musical!

Anonyme a dit…

bonne idée, Cath.. mais y'aurait pas eu autant de beurre dans les épinards ;)

Et puis pense à tous ces gens qu'il a sauvé, hein, mon père ce héros

Anonyme a dit…

Mais qui es tu victor? Aujourd'hui j'étais dans un hopital où j'ai vu une pub pour les chirurgiens(sic):les hommes qui portent un masque et qui sauvent les vies !! Pour les épinards moi je les fait à la crème... Tout ce qu'on peut dire pour pas commenter vraiment ce blog mais vraiment moi ça me dépasse un peu même si j'aime écouter cette musique j'sais pas bien en causer!!

Anonyme a dit…

zavez vu la tête de ma Reinette sur le blog de ma fifille? ça se passe de commentaires!! je dis ça parce que j'ai pas encore approfondi le truc de mon frérot. en fait ça manque d'illustration ...sonore

Anonyme a dit…

j'ai dit avant tout le monde qu'il aurait pu être critique musical, mon fils, ce héros au sourire si doux... Mais au fait, tu passes ta vie au concert?